Vue panoramique de l'installation Mille feuilles

Mille feuilles

Past exhibition

Venez découvrir cette œuvre contemporaine de Michel Blazy dans le grand salon du château de Talcy !

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Présentation

Dans le cadre du festival AR(t]CHIPEL, découvrez l’œuvre Mille feuilles de Michel Blazy au château de Talcy !

Les créations de Michel Blazy détournent matériaux et objets du quotidien soudain transfigurés et offerts à notre contemplation telle l’installation Mille feuilles installée dans le grand salon de compagnie.

 Le site du château de Talcy comprend un Jardin remarquable de 7,5 ha clos de murs qui ouvre une perspective nord-sud depuis la tour-porche. Les espaces sont divisés entre un jardin d’agrément, un potager et un verger qui illustrent la vocation productive d'un grand domaine agricole du XVIIIème siècle. Dernièrement, le château a accueilli de nombreuses propositions contemporaines.

Pour le festival AR(t]CHIPEL, dans le prolongement de ces propositions antérieures, le choix dans les collections du Centre Pompidou s’est porté sur l’installation Mille feuilles (1993-1994) de Michel Blazy, laquelle évoque à la fois le végétal et l’organique. Composée d’une multitude de feuilles de papier toilette, cette forme « un peu boa » à la couleur rose, très pop, crée un rapport chromatique intéressant avec le grand salon. Et s’y déploie tel un serpent circulant sur le tapis et entre le mobilier d’origine estampillé de grands ébénistes parisiens.

Diaporama Mille Feuilles

Le festival AR(t]CHIPEL

Dans le cadre des Nouvelles Renaissance(S], le Festival AR(t]CHIPEL (du 20 octobre au 5 novembre 2023) marque le début d’un partenariat inédit entre la Région Centre-Val de Loire et le Centre Pompidou.

Cette première édition est un prologue où différents lieux accueilleront des œuvres du Centre Pompidou. Les visiteurs auront également le bonheur d’approcher la création au plus près en découvrant au fil de parcours des ateliers d’artistes, maisons d’écrivains, lieux de création, de résidence et de patrimoine ouverts spécifiquement au public pour cette occasion. Des concerts, des rencontres avec des artistes, des dégustations… offriront autant de moments intimes et conviviaux. Le festival AR(t]CHIPEL ouvert à toutes et tous mettra en lumière la pluralité de la création au cœur d’un patrimoine et d’une nature exceptionnels.

Le commissariat artistique confié à Anne-Laure Chamboissier invite à porter un nouveau regard sur la région, des confluences de la Loire à ses châteaux, son architecture, en invitant le visiteur à plonger dans l’intimité des artistes et des lieux.

Une occasion unique de re-découvrir les richesses du Centre-Val de Loire.

L’installation de l’œuvre

Quatre élèves de l’Ecole de la nature et du paysage INSA Centre Val de Loire (deux élèves de 5e année et deux élèves de 3e année) tirés au sort parmi leurs camarades volontaires de l’école ont participé à l’installation de l’œuvre dans le grand salon pendant 4 jours sous la direction de Michel Blazy et de son assistant Irek Star. Entièrement réalisée à la main en séparant les 3 épaisseurs de papier toilette pour les disposer en de multiples couches de petits morceaux de tailles différentes, cette œuvre dite sous protocole s’installe selon le tracé réalisé par Michel Blazy en respectant des indications précises fixées lors de la première création. Ce travail lent et artisanal demande une grande concentration pour produire une œuvre unique et qui n’est jamais tout à fait la même suivant les lieux où elle prend place.

Posée à même le tapis de la Savonnerie datant du XVIIIe siècle à Talcy, Mille feuilles serpente entre les pieds des tables de jeux et des fauteuils alors qu’elle n’avait jamais été installée hors d’un cadre muséal. Mesurant 31 mètres sur 0,20 de long et de large, c’est également la version la plus longue jamais réalisée à ce jour.

Soumise aux variations de température et d’hygrométrie comme de nombreuses œuvres de Michel Blazy, Mille feuilles évoluera au fil du temps de l’exposition.

L’interview de l’artiste

« Anne-Laure Chamboissier : Parlez-nous de la genèse de Mille feuilles ?

Michel Blazy : Cela fait partie d’une série de pièces que j’ai faites à un moment où je travaillais plutôt sur des matériaux inertes comme le papier d’aluminium, le papier hygiénique, les sopalins… Ce qui m’intéressait à l’époque, c’était le système de construction dans les architectures de ces réalisations, avec une infinité de formes, toujours en relation avec le vivant.

 A.-L. C. : Comment un protocole de réalisation aussi précis pour cette œuvre peut-il accorder une certaine liberté dans la mise en place ?

M. B. : Le geste est très simple parce qu’il faut seulement désépaissir un papier triple épaisseur et couper chaque feuillet en deux, puis le poser. Souvent, quand nous sommes plusieurs à faire un morceau, au bout d’un moment, on intervertit les places pour qu’il n’y ait pas des tronçons qui soient trop différents les uns des autres. Ce n’est même pas une liberté car les choses ne sont jamais semblables, même avec un protocole précis.

Martine Royer Valentin : Je me pose la question des wall drawings. C’est tout à fait différent ?

M. B. : Je délègue complètement et je suis même intéressé justement par des interprétations différentes, mais effectivement après, c’est un risque. Parfois, il y a des choses étonnantes. En tout cas, je suis intéressé par ces visions autres.

 A.-L. C. : Comment envisagez-vous le travail collaboratif de vos œuvres ?

M. B. : À partir du moment où l’on fabrique avec de la matière ou de l’humain, c’est toujours contributif. J’ai, à chaque fois, l’impression que je ne pars pas avec une idée précise, mais que c’est la matière qui produit la forme. Je suis obligé d’être à l’écoute et de tirer parti de ce qu’elle offre et c’est la même chose avec les humains.

 A.-L. C. : Par les matériaux que vous utilisez, vos œuvres ont la spécificité d’être en perpétuelle mutation et nous invitent à une exploration sensorielle. Pourquoi ce choix d’utilisation du vivant très tôt dans votre production ?

M. B. : Cela n’a pas été un choix, ou dans ce cas, celui de faire des choses sans savoir pourquoi je les faisais. Très tôt, le processus de ma création était non construit intellectuellement, ensuite j’ai cherché à comprendre pourquoi j’avais pris cette décision-là. Je crois qu’il y a une espèce de dynamique entre ce qu’on peut penser et ce qu’après, les gestes amènent, qui n’est pas pensable.

M. R. V. : Quelle relation entretenez-vous avec le lieu du patrimoine historique, bâti ?

M. B. : Il y a un choc de matières qui se fait, qui n’existe pas dans un centre d’art, par rapport à l’idée du patrimoine. Mon œuvre va changer, alors que dans le cas de la conservation vous faites tout pour que ces objets n’évoluent plus. C’est intéressant par rapport au vivant et à la conservation, parce que c’est antinomique. Déjà au départ, ce sont deux univers qui ne sont pas faits pour se rencontrer. Le papier hygiénique finit dans nos toilettes et pourtant, je pense que ça va être très décoratif, nous aurons des images plus captivantes que dans un white cube. Elle a un côté un peu boa, la couleur est rose, très pop, c’est un peu festif, avec un rapport chromatique très pertinent avec le salon rouge. J’aime l’idée de ce serpent qui circule sur ce tapis et entre le mobilier.

M. R. V. : Vous avez une relation forte avec l’équipe de travail, quelle relation souhaitez-vous entretenir avec le public, comment sentez-vous la présence de votre travail hors des centres d’art ?

M. B. : J’aimerais qu’à la fois un enfant de cinq ans et un amateur d’art y soient sensibles. Il y a un aspect dans mon travail qui s’adresse au corps qui n’est pas cultivé par l’histoire de l’art, un corps en friche. Je voudrais que cette œuvre puisse être observée comme on aborde un phénomène lors d’une promenade en forêt ou une rencontre avec une chose bizarre dans la nature. »

Propos recueillis par Anne-Laure Chamboissier, commissaire de l’exposition et par Martine Royer Valentin, administratrice des châteaux de Talcy, Châteaudun, Fougères-sur-Bièvre et de la cathédrale de Chartres.